Un jour, un projet : Machu Picchu par Sophie Dehay architecte

Machu picchu + lille sophie delhay
Photographie de Sophie Delhay architecte

Il est très rare que je sois sensible aux logements collectifs, notamment car il est malheureusement peu commun d’y voir de quelconques innovations dans les espaces privés ou partagés proposés. Pourtant, il y a plusieurs années maintenant, un projet de logements collectifs m’a tapé dans l’œil et a fondamentalement fait évoluer ma manière de voir ce type d’habitats.

Ce projet, il s’agit du Machu Picchu + (nom amusant vous en conviendrez) à Lille, livré en 2013 et conçu par Sophie Delhay Architecte. Alors déjà oui, c’est jaune. Certains savent que j’ai fatalement voulu mettre du jaune dans beaucoup de mes projets pendant bien deux ou trois ans, c’est dire l’impact. Non pas que le canari me fascine à ce point, non-non, voyez-y simplement une volonté de contraster avec l’aspect terne que ces bâtiments nous offrent généralement.

Bref Machu Picchu, c’est pour moi l’idée de valoriser les espaces collectifs, les entre-habitats qui, accentués par une générosité de l’architecte, permettent de déployer des usages partagés entre les habitants de l’immeuble. On y retrouve des concepts Corbuséens (pas que je sois à idolâtrer la machine à habiter) dans cette volonté de créer des échanges entre des lieux de vie tournés vers eux-mêmes. Ajouté à cela, l’architecte y mêle le parcours : du haut vers le bas et vice versa, offrant des cadrages sur la ville historique de Lille.

En termes d’organisation, on est sur du logement traversant avec une entrée depuis coursive puis deux blocs humides le long des murs porteurs qui séparent chaque logement. Efficace et surtout…adaptable. Les volumes proposés permettent une évolution des usages au sein du logement tout en conservant une logique de séparation diurne/nocturne d’un côté et de l’autre de l’habitat. Une manière élégante de voir le logement, fluide, propice à s’adapter aux variations du quotidien.

En parlant de variation du quotidien, je ne peux évidemment pas m’empêcher de rebondir sur l’actualité et la crise sanitaire mondiale auquel s’ajoutent des problématiques de cohésions sociales qui nous échappent lorsque l’on parle de logement. Ce projet interroge les interstices entre espaces privés et espaces publics. Ces zones jaunes, zones tampons, zones non qualifiées qui finissent bien souvent en dépotoirs. Quels usages peuvent s’y développer ? S’agit-il de lieux intermédiaires permettant de nous reconnecter malgré des contraintes sanitaires ? Des espaces d’activité en renouvellement ? Les pistes restent ouvertes.

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