Un jour, un projet : Recoding Post-War Syria par Reparametrize Architecture

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Image de Reparametrize Architecturee

« Nous sommes en guerre ».
Ce fut la phrase politique de l’épidémie covid-19.  L’état d’urgence prononcé face à la menace invisible (mais pas inexistante) qui menaçait l’Europe. J’exagère à peine le message.
Néanmoins, d’autres territoires connaissent cette situation depuis plusieurs décennies, subissant les bombardements et les attentats quotidiens. Ces situations extrêmes ravagent des sociétés, transformant en profondeur les rapports humains, le bâti et la topographie. Mais voilà, lorsque les guerres se tassent, que reste-t-il ? Comment réagir face à ces catastrophes complexes et sensibles ?

Depuis des années, j’ai toujours placé ce sujet hautement sensible et périlleux comme une thématique à étudier. Que ce soit par l’intérêt du travail des Forensic, des écrits de Naomi Klein ou de la visite de villes fortement touchés (Berlin, Le Havre…), la question revenait toujours : comment répare-t-on une ville et ses habitants après une guerre ?
Du coup, lorsque je suis tombé il y a quelques semaines de ça (oui j’ai tardé) sur le travail de Reparametrize Architecture, je me suis gardé l’idée dans un coin de tête d’y consacrer un « un jour, un projet » un peu spécial, car tourné vers un tas de questions qui s’entrechoquent dans ma tête.

Parlons donc du travail, de manière certes assez générale, de Reparametrize Architecture.
Le constat, c’est qu’après une situation de guerre, une grande partie voire la totalité du bâti est détruit. Les repères disparaissent, les rapports sociaux entre les individus, qui constituent la ville, sont fondamentalement perturbés et il convient de réparer tout ça, de restructurer. 

Je prendrais ici l’exemple d’une proposition de recherche de Reparametrize Studio à Zamalka, un quartier au nord-est de Damas en Syrie. Leur idée est de créer des cubes autosuffisants en énergie permettant d’y greffer divers systèmes pour ainsi raccommoder les bâtiments détruits ou habiter les sites détruits. Cette boîte se répand au fil du temps et évolue au gré des besoins. Je synthétise, mais c’est le concept de base, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil à leurs travaux pour rentrer plus dans le détail !
Sur le principe, l’idée est vraiment bonne, pleine de bonne volonté en apportant de la végétation et des espaces ultras connectés, le tout basé sur des IA qui génèrent seules les assemblages de cubes (vous le sentez le coup de la smart-city ?).
C’est là que ça commence à me poser question.

Certes dans ces situations, on a le sentiment qu’il faut faire vite. En cela, le modulaire et les IA sont ultra performante. Trop probablement d’ailleurs. Pourquoi ? Car elles renient totalement l’aspect humain de la ville. L’immatériel, ces relations entre les individus dont je parlais plus haut, n’a pas sa place dans les algorithmes et doit se plier à la forme rigoureuse du cube. Fatalement, tout ceci me fait penser à la Fièvre d’Urbicande de B.Peeters et F. Schuiten : un cube initial qui se développe en faisant fit de son environnement. Le Réseau (car c’est ainsi que l’on finit par l’appeler) impose les choses et finit par détruire ce qui existait.

C’est là un point de vigilance qu’il faut garder en tête : la trame et le module sont à manipuler avec précaution. Il ne faut pas tomber dans la facilité et réduire la ville à un simple assemblage modules et de formes prédéfinies. Je ne clame pas que le modulaire est à jeter, loin de là, simplement qu’il faut intégrer, dès les premières réflexions, la dimension de réappropriation du module pour en casser la symétrie et la contrainte forte qu’il imprime dans nos paysages. C’est un point fondamental pour ne pas rester esclave de ce système.

En guise de conclusion (je ne me voyais pas finir comme ça), je trouve que ce type de travaux permettent d’extrapoler des situations que nous connaissons au quotidien dans nos villes. Il convient d’en tirer des leçons, de questionner plutôt que de précipiter les décisions et créer, sans le vouloir, une catastrophe dans la catastrophe.

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