Un jour, un projet : CACMU Verde par Procesos Urbanos

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Photographie de Bicubik

Aujourd’hui, je vous partage l’un de mes péchés mignons en termes de projet (sui vous suivez les articles « Un jour, un projet », vous devez finir par y être habitué : la réhabilitation. En effet, j’estime qu’à l’époque dans laquelle nous vivons, nous devons réfléchir en intégrant comme contrainte initiale le renouvellement du bâti urbain. La rengaine est connue depuis des années maintenant, mais on nous rabâche (à raison malheureusement) qu’il est plus facile de démolir pour reconstruire. Cependant, qui a dit que ce défi de régénération urbaine se devait d’être facile ?

Bref, je ne vais pas m’épancher plus longtemps sur ce sujet (hautement actuel et intéressant au demeurant), car dans « un jour, un projet », nous sommes là pour parler d’émotions et de béton (c’était pour la rime). Sans plus tarder, plongeons dans l’architecture !

Plein cap au nord de l’Equateur, près de la frontière Colombienne où se situe la charmante ville d’Ibarra (si j’en crois les très belles images de google). C’est dans le centre historique de la ville qu’a été conduite l’opération de réhabilitation du bâtiment patrimonial où s’est installée la Cooperativa de Ahorro y Crédito Mujeres Unidas (CACMU). Menée par l’agence Procesos Urbanos, l’idée principale fut de préserver les éléments qui pouvaient l’être (certains pans de murs, partie du sol) tout en modernisant l’enveloppe pour accueillir les usages projetés. La toiture, en piteux état, a été intégralement remplacée par un complexe bois/acier respectant le gabarit du bâtiment originel. Le choix du coloris des bacs acier me fait un peu grincer des dents. Une sous-face noire ou l’ajout d’éléments de correction acoustique en bois microperforés auraient apporté un surplus de confort et un contraste moins important de la toiture. Mais parfois, on ne fait pas ce que l’on veut (le budget ne semblant pas être faramineux) !  Les poteaux structurels ont également été repris en bois et en acier, offrant une charpente qui, il faut l’avouer, a de la gueule.

On retrouve ici et là des pans de murs ainsi qu’une arche en brique, s’intégrant dans la neutralité blanchâtre des cloisonnements. L’usage s’adapte ici aux porteurs historiques du bâtiment sans que cela ne paraisse problématique. L’absence de lumière naturelle dans certains bureaux est compensée par un second jour généreux, baignant l’intérieur du bâtiment dans une belle lumière. L’usage de matériaux transparents en garde-corps ajoute cette impression de fluidité et de légèreté.

Je me dois obligatoirement de parler de ce patio qui m’a fait lâcher un « whaou » derrière mon écran (le meilleur pour la fin). Que ce soit la charpente, le mix bois acier présent dans la structure, le choix des luminaires (somptueux !) ou cette grille en métal qui vient filtrer la lumière : tout ici donne envie de se prêter à la contemplation. Même le mobilier s’accorde à merveille avec le lieu : mention spéciale pour la table aux motifs colorés.

En conclusion, je dirais que ce genre de projet valorise une restauration du patrimoine respectueuse, mais marquée d’une teinte de modernité. John Ruskin disait au sujet de Notre-Dame : « Il est impossible, aussi impossible que de ressusciter les morts, de restaurer ce qui fut jamais grand ou beau en architecture ». Le mimétisme n’est pas la seule solution en matière de patrimoine. Un bâtiment ancien doit assumer les différentes strates des époques qu’il a pu voir se succéder sans chercher à reproduire ce qui fit son glorieux passé : l’avenir peut aussi être grand, beau voir somptueux.

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