Un jour, un projet : Régénération du village de Wencun par Amateur Architecture Studio

03_Wencun-village-2016-©Iwan-Baan
Photographie par Iwan Baan

Pour cette semaine chargée en actualité contrastée, je souhaitais trouver un projet bien ancré sur terre, sobre, mais qui fait le boulot. Il faut dire qu’avec cette brûlante activité médiatique (coronavirus par-ci, novlangue au gouvernement par-là), j’avais bien besoin de retrouver un brin de simplicité et de quiétude. Sans plus attendre, lançons-nous vers un nouveau morceau d’architecture !

Au départ, pour tout vous avouer, je comptais en revenir aux origines de cette « réparation » pour laquelle j’essaie de me battre quotidiennement : le Ningbo museum, œuvre de Wang shu qui m’a inspiré il y a que ça plus de dix ans. Puis tout bien considéré, je me suis dit que le bâtiment était aujourd’hui trop colossal, trop déconnecté de la réalité pour se frayer une place pertinente dans notre actualité.

Non. Il fallait quelque chose de plus humble. Une œuvre d’art ou un geste qui n’existe que pour lui-même, sans raison particulière si ce n’est provoqué l’émerveillement, le dégoût, l’interrogation. En bref, une réaction voire…une réflexion.

L’atelier Amateur Architecture Studio s’est distingué dans le monde en réactualisant technique ancestrale du wa pan. Concrètement, il s’agit de récupérer des débris de murs effondrés, de tuiles et autres matériaux de construction puis de les réassembler dans une sorte de mosaïque imparfaite. C’est dans cette imperfection que se cache le génie. Assumer les cassures et les sublimer.
Il serait aisé de résumer le travail de Wang Shu et Lu Wenyu (Amateur Architecture Studio) par le wa pan. Seulement, le couple d’architectes n’en est pas resté là. Il faut croire qu’un Pritzker ne leur suffisait pas.

Durant cette dernière décennie, la société chinoise s’est trouvé la fâcheuse tendance à vouloir détruire ou patrimonialiser (c’est pile ou face) les petits villages chargés d’histoires qui luttent pour leur survie en périphérie des mégalopoles. Je vous rassure, on trouve la même chose en France. Bref, devant ce désastre architectural, urbanistique, social et culturel, Amateur Architecture Studio a décidé de proposer une alternative. Une régénération favorisant le dialogue (oui, le dialogue, ce truc tout simple qu’on a tendance à oublier) entre techniques constructives anciennes et d’autres, plus modernes. Une posture d’adaptation requérant au préalable une réflexion profonde sur la nature de nos villages et leurs évolutions (on y revient). Autant le dire clairement : on est très loin de la superposition des préfas chargés de produits composites et enduits de RME à gerber dont l’heureux propriétaire pourra se gargariser d’avoir choisi la teinte.

En résulte une poésie du lieu, un jeu où la forme s’efface dans son contexte, sans faire de vague. On baigne dans une harmonie paisible, qui n’a pas vocation à briller un grand geste impressionnant d’audace, mais par sa sobriété assumé. On est dans un minimalisme de forme et de moyens, une réponse adaptée à l’échelle des sites d’interventions.

En conclusion, s’il y a lieu d’en tirer une, je m’émerveille toujours de ces architectures engagées et porteuses de bon sens. Nous vivons une époque charnière en tant que société et espèce, une époque où le progrès technologique tend à nous faire accélérer encore et encore en dépit de toute logique. Nous sommes contraints de courir derrière une locomotive qui ne s’arrête pas, ne se retourne pas.
La « catastrophe » surviendra tôt ou tard.
Wang Shu et Lu Wenyu font toutefois partie des personnes qui nous permettront, peut-être de rendre la chute moins douloureuse.

Vous souhaitez être tenu au courant des nouveau articles de blog ?
Inscrivez-vous à notre newsletter !

Retour en haut