Un jour, un projet : The Whale par Dorte Mandrup

À 300m au nord du cercle arctique, à Andenes en Norvège où il ne fait pas si froid qu’on pourrait le penser, se projette un projet qui m’a touché. Oui, touché. Ému. Questionné. Charmé.
La caresse artistique d’un atelier d’architecture (Dorte Mandrup) qui m’avait déjà envouté avec sa proposition pour le Centre patrimonial mondial de la mer (en vo : Trilateral Wadden Sea World Heritage Partnership Center) à Wilhelmshaven fait coup double et continue de (me) plaire.
Pour en revenir à notre Baleine (The Whale), le bâtiment n’est certes pas (encore) réalisé. Il connaitra probablement plusieurs changements entre cet état de concours et la réalité livrée, mais il n’empêche qu’il soulève un ensemble de thématiques bien actuelles.

Ici, je vous parlerais d’ambiance, d’image, de poésie et bien entendu…d’architecture !
Car l’architecture c’est un peu tout ceci mélangé.
Aldo Rossi disait même que « l’image de l’architecture nourrit l’architecture elle-même » et c’est exactement ce que ces concours remportés m’évoquent. Au-delà du débat entre l’image et la réalité (car parfois il y a débat), il convient de saisir l’origine de cette image, sa raison. Les talents de MIR, studio reconnu pour son traitement artistique, peintres modernes armés d’outils informatiques et de textures somptueuses, viennent servir la volonté de l’architecte pour projeter sa vision du territoire. Ce travail est alors le fruit d’un instinct d’illustrateur et d’architecte, altéré par les émotions qui habiteront ce projet jusqu’à sa livraison (et peut-être même au-delà).

Nous ne sommes plus seulement dans un descriptif morne du bâtiment à élever. Il s’agit d’une œuvre d’art à part entière qui communique plus que des proportions ou des mètres carrés. Elle soulève le pouvoir de l’image sur l’imaginaire collectif et individuel. Cet aspect parfois écarté de l’architecture, ressurgit ici avec force et vigueur. Il n’y a qu’à voir cette image presque irréelle (voir photo ci-dessus), évoquant pour moi le saut d’une baleine dans les eaux, emportant avec elle ses visiteurs dans son univers.
Une architecture qui nous fait donc voyager.

Si l’on regarde de plus près le bâtiment, on retrouve dans le traitement des espaces et des vues les mêmes orientations que sur l’image. Un lieu de rencontre entre Nature et Culture, Homme et Cétacés. Tirant parti d’une localisation reconnue pour permettre l’observation des baleines, le bâtiment parait émerger de la terre pour plonger avec vous sous la mer.
Une exploration poétique, sur et sous l’eau.

En définitive, je décrirais peu la technique, les petits détails (pas toujours visibles) ou la pertinence que je trouve à ce programme. Pour une fois, laissons les chiffres et tableurs de côté. Laissons-nous simplement transporter. Accordons-nous de voir ce que l’on souhaite voir au contact d’œuvres porteuses de sens.
Merci pour ce petit bout de voyage depuis ma chaise de bureau.