Un jour, un projet : Rénovation du restaurant Nakano par Pablo Muñoz Payá Arquitectos

Entrée restaurant Nakano
Photographie de David Zarzoso pour Pablo Muñoz Payá Arquitectos

En pleine crise covid-19 (encore et encore), j’ai trouvé un projet en Espagne qui, outre la patte architecturale (à mon goût), pose la question d’une typologie de restaurants exclusivement tournés vers le take-away. La crise sanitaire ayant conduit les bars et restaurants à fermer leurs portes (nous le regrettons tous !), certains de ces établissements ont fait le choix de modifier leur manière de vendre leurs produits et de partager leur cuisine.

En France, nous connaissions les fameux camions à pizzas, l’exemple d’un lieu mobile (ou non) où l’on commande avant de rentrer chez soi avec des cartons de pizzas à l’odeur délicieuse. Les boulangeries fonctionnent également sur le même principe, avec un jambon beurre à récupérer puis à consommer dans un parc ou pendant sa pause déjeuner. Ensuite, il y a eu les fast-food (chaines, kebab, burger) qui ont néanmoins choisi de proposer des places assises pour une consommation sur place. Princesse covid-19 (et ses petits copains variants) viennent toutefois bousculer nos habitudes.

Ceci m’a poussé à soulever plusieurs questions :

  • Le risque sanitaire étant définitivement à intégrer dans nos quotidiens, comment consommerons-nous les restaurants et bars à l’avenir ?
  • Est-il possible de profiter de l’expérience « restaurant » malgré les contraintes sanitaires ? Cette expérience-là doit-elle avoir lieu sur place, dans le restaurant, ou peut-elle être exportée chez soi ?

Cette longue introduction me ramène donc dans le centre d’Alicante où l’agence Pablo Muñoz Payá Arquitectos a proposé courant 2020 un restaurant dédié au take-away, tout en conservant une identité forte liée à l’image du restaurant. Au Nakano (le nom du restaurant), pas de tables ni de chaises : on vient retirer notre commande de ramens et/ou de sushis (pour les gourmands), on règle et on repart. Les architectes expliquent qu’il s’agissait pour eux d’un voyage, d’une transition, à la manière d’un métro nocturne chaleureux qui vous suspend dans le temps.

Le projet est marqué par le contraste : d’un côté, le mur courbe de grésite (les mosaïques) dédiée aux clients qui commandent et attendent au comptoir, de l’autre le couloir de bois et de béton, plus sombre mais doté de pointes végétales, dédiées aux livreurs. Les flux sont ainsi, dans cet espace réduit, optimisés et séparés. L’arrière-cuisine bénéficie d’un même traitement, disposant d’une zone de livraison tourné vers le couloir des livreurs et d’un back office pour les employés. Efficace.

Là où ce projet m’a charmé, c’est dans cette volonté à aller au-delà du simple comptoir réaménagé avec deux plaques de PMMA (communément appelé Plexiglas, du nom de la marque) et d’une longue file d’attente débordant sur le trottoir. L’idée fut ici de transférer l’esprit « japonais » du restaurant pour retrouver une expérience utilisateur non plus dans le moment du repas (assis), mais dans celui de la collecte !
Un bel exemple de lieu confortable et marquant, malgré le fait que nous ne faisions qu’y passer.

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